Le parcours des champions | FD Fitness consultant
Le parcours des champions
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Auteur(e) Eric Falstrault

J’ai eu la chance durant ma carrière de côtoyer et d’entraîner des champions tels que David Loiseau et Martin Brodeur. J’ai appris de ces champions autant sur la préparation physique que sur l’aspect humain de l’athlète d’élite. « Je suis un guerrier et un insatisfait permanent, c’est ça l’apanage des champions. » Ils ont une soif insatiable de perfection et de progression. Ils ont compris que chaque entraînement est un pas vers une victoire possible. Ils savent que chaque instant, que ce soit à l’entraînement ou au repos, a la possibilité de faire une différence sur le but ultime.

Article tiré du webmagazine de mai 2017

 

Brodeur est celui avec qui j’ai passé la majorité de mes matins d’été pendant un peu moins de 10 ans pendant les dernières années de sa carrière. Il est probablement l’athlète le plus centré avec qui j’ai pu travailler. Il a dû l’être pour être capable de jouer autant de parties et d’avoir eu constamment de bonnes performances pendant plus de 20 ans de carrière. à

 

Voici quelques-uns de ses records de la LNH :

  • Le plus de minutes jouées en une seule saison – 4 697 – 2006-07
  • Le plus de gains en saison unique – 48 – 2006-07
  • Le plus de victoires consécutives (30/saisons) – 12 – 1995-1996 à 2007-2008
  • Le plus de victoires consécutives de 35 victoires (11)
  • Le plus de victoires consécutives (40/saisons) – 8 – 1997-98, 1999-00, 2000-01, 2002-03, 2005-06, 2006-07, 2007-08, 2009-10
  • Le plus de victoires OT – 52
  • Victoire par tirs de barrage – 26
  • Le seul gardien de but de la LNH à marquer un but gagnant
  • L’un des deux gardiens de la LNH à avoir marqué un but en saison régulière et en série éliminatoire
  • Premier gardien de but de l’histoire à avoir 3 blanchissages dans 2 séries éliminatoires différentes (1995 contre Boston Bruins, 2003 contre Anaheim Ducks)
  • Le plus de victoires en saison- 691
  • Le plus de parties jouées – 1 266
  • Saison avec 30 victoires et plus – 13

Un fait que peu de gens connaissent est qu’il a eu à faire un choix lors de ses tout débuts. Il performait autant à l’avant que dans les buts, alors il a décidé de garder les buts et ç’a été le début de sa longue carrière. Imaginez s’il avait choisi de jouer à l’avant! Aurait-il eu autant de succès? Le destin a bien fait les choses pour lui.

« Les champions tirent les leçons du passé, concrétisent le présent, pensent le futur. »

 

Tous les matins d’été, pendant ma route vers Morin Heights, j’écoutais des podcasts sur l’entraînement ou la nutrition. Mes 60 minutes de route étaient bien investies. À 6h50, Martin m’attendait dans son gym privé, s’échauffant sur le vélo pour l’entraînement. À nos débuts, nous nous entraînions dans un centre de conditionnement physique du coin, mais il a bientôt été difficile de s’entraîner sans que personne ne vienne nous déranger. Martin est un gentleman, alors il prenait quelques moments pour discuter avec les clients du centre. L’année suivante, il m’a donné carte blanche pour bâtir un gym complet avec tout l’équipement dont j’avais besoin pour améliorer ses performances.

Il est inutile de dire à quel point ses entraînements étaient difficiles.

Chaque début d’off season était orienté sur le contrôle des dommages de la saison passée et la balance structurelle. Avec seulement 8 semaines de préparation, la majorité de sa préparation était axée sur sa santé et sa longévité, et sur la prévention des blessures. L’âge ne l’affectait pas du tout, car il pouvait encore donner une leçon aux plus jeunes.

Tout ce que je lui suggérais, il le faisait. Aucune négociation, pas de chialage, seulement du pur dévouement. Ses enfants venaient souvent s’entraîner avec nous et c’était la même chose de leur côté : Suivre le plan à la lettre sans questionnement.

Une des choses dont je suis le plus fier est que Martin a appris à se connaître parfaitement. Je lui ai montré à associer ses petits symptômes à certaines de ses habitudes ou à des aliments qu’il avait consommés. Il a découvert quelques intolérances alimentaires qui ont fait une énorme différence sur sa santé et son bien-être.

« Pour être champions, vous devez croire en vous-même quand personne d’autre ne le fait. »

Martin, comme tant d’autres champions que j’ai eu l’honneur d’entraîner, ont su acquérir une maîtrise de soi. Ils m’ont aussi enseigné les qualités essentielles à avoir dès le départ et les erreurs, souvent inévitables, que chacun doit franchir.

Voici quelques-uns des principes que les athlètes appliquent afin d’assurer leur réussite.

1. Ils ne s’inquiètent pas de leur diète.

La plupart vous diront : « Je n’ai jamais réellement suivi de diète. » Ce n’est pas parce qu’ils sont paresseux, bien au contraire! Ils ont découvert assez rapidement qu’ils avaient un certain contrôle sur leurs performances s’ils surveillaient le type de nutriments qu’ils ingéraient. Ils ont aussi compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple diète provisoire, mais bien d’un mode de vie à long terme. Vous seriez surpris de voir ce que certaines organisations professionnelles donnent à leurs joueurs comme collation après leurs entraînements.

Malheureusement, ces organisations se fient souvent aux photos et au poids corporel comme mesure de référence. En effet, si en 2009 l’équipe a gagné la coupe, cette année deviendra l’année de référence pour les futures statistiques. Si un joueur a performé de façon exceptionnelle à 215 lbs, ils voudront que ce joueur reste à ce même poids au début du camp d’entraînement et pour le reste de l’année. J’ai eu quelques problèmes à un certain point avec Martin, car son pourcentage de gras et son poids descendaient de façon progressive, mais l’organisation s’entêtait à maintenir son poids à 220 lbs, car c’était son poids lorsqu’il avait gagné sa dernière coupe Stanley.

 

2. Ils se créent des journées idéales.

Nous avons tous déjà entendu parler de certaines routines de champions connus, qui tirent souvent de la superstition, mais qui sont bien loin du trouble obsessionnel compulsif.

« L’obsession est ce que les gens paresseux appellent le dévouement. »

Ces athlètes ont des routines bien particulières. Ils se créent des routines qui les mèneront à leur partie parfaite, ou encore, à la performance de leur vie. Ils savent quel genre de déjeuner leur permettra de bien s’entraîner et d’être alertes tout au long de la journée, ce qui les aidera à progresser jusqu’à la compétition finale. Cela n’a rien à voir avec la superstition. Ils savent très bien que chaque jour, chaque entraînement, chaque repas bien fait est une étape de plus vers l’obtention de leurs objectifs.

C’est ce qui est le plus important à enseigner à tous et chacun. La raison pour laquelle les gens échouent est qu’ils ne parviennent pas à reconnaître qu’ils sont les seuls et uniques maîtres de leurs journées.

3. Ils planifient.

Professionnel ou amateur, nul ne peut espérer se rendre à un niveau supérieur et y rester sans planifier son année complète. Pour le hockey, la saison de préparation (off season) dure environ 3 mois (parfois seulement 8 semaines), et de plus en plus, les joueurs s’entraînent même en saison si leur corps arrive à suivre. Quant au football, tout tourne autour des 16 parties de la saison, soit du mois d’octobre au mois de février (dépendamment du niveau), avec un risque de blessures toujours plus accru.

Chaque athlète professionnel a sa propre méthodologie, car avec les années, il a appris ce qui fonctionne le mieux pour lui. Pour les amateurs, l’histoire est différente, car ils apprennent au fur et à mesure. Ils prennent des notes et tentent de ne pas répéter les mêmes erreurs. Plus les années avancent, plus ils maîtrisent leur préparation en comprenant, entre autres, qu’il existe des phases de préparation, d’intensification, d’accumulation, de spécification, et aussi des périodes de repos.

Les erreurs les plus communes lors de la préparation des jeunes athlètes amateurs sont le travail de spécialisation qui arrive trop rapidement dans leur carrière, et surtout, le surentraînement. De façon générale, la faute va directement aux parents qui s’attribuent le titre de gérant/entraîneur/nutritionniste avec le diplôme de « l’université Google ». C’est extrêmement malheureux de voir un jeune atteindre le sommet de sa préparation physique trop tôt et ne plus être en mesure de montrer son talent au moment venu, car il n’a plus l’énergie pour le faire.

 

4. Ils choisissent leur entourage.

Ils s’entourent de personnes qui partagent la même vision et les mêmes buts qu’eux. Ils savent se tenir loin de ceux qui n’ont aucune idée de ce qu’ils feront de leur vie. La négativité, ainsi que la stupidité débilitante, sont très contagieuses. Ils restent loin des discussions inutiles et des comportements absurdes.

« Vous êtes à la moyenne des cinq personnes avec qui vous passez le plus de temps. »

5. Quand la situation se corse…

J’ai été témoin plusieurs fois de grands moments, mais aussi de moments très difficiles. Malheureusement, le talent en lui-même ne suffit pas. Les athlètes finissent toujours par l’apprendre à leurs dépens. J’ai entraîné et accompagné un combattant près d’un championnat, mais malheureusement, son attitude a rapidement pris le dessus et sa préparation n’est pas arrivée à terme en raison de son manque de sérieux. J’ai été beaucoup attristé de voir quelqu’un avec autant de potentiel croire qu’il pouvait réussir seulement avec son talent en main.

 

Les meilleures leçons sont celles qui nous touchent profondément.

  • Michael Jordan s’est fait renvoyer de son équipe de basketball.
  • Un  « expert » a dit que Vince Lombardi ne possédait qu’un minimum de connaissances sur le football et qu’il manquait de motivation.
  • Babe Ruth est bien connu pour ses 714 coups de circuit en carrière. Cependant, il a aussi eu le record des retraits sur buts, soit de 1330 en tout. « Chaque retrait m’approche de mon prochain coup de circuit. »

Pour terminer, la leçon la plus importante dans toutes mes années à étudier différentes écoles de pensée en lien avec l’entraînement spécifique est celle-ci : autant que possible, choisissez-vous un sport qui est fait pour vos habilités et vos aptitudes. Bien entendu, il est plus facile de le dire que de l’appliquer.  Un bon nombre d’écoles élites européennes ont compris ce principe simple et complexe à la fois. Dès leur jeune âge, les futurs athlètes sont évalués et dirigés vers un sport où ils pourront exploiter leurs aptitudes dominantes.

Bref, ces habitudes sont celles que je rencontre généralement lorsque je travaille avec des athlètes de tout niveau. J’espère que vous avez apprécié votre lecture et j’attends avec impatience vos commentaires.

Éric Falstrault

Auteur du livre Le code

Fondateur et propriétaire de BODHI FIT